« Je m’appelle Sandra. Je suis morte il y a longtemps dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour là… »
Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer.
« Quelque chose qui parle et qui marche à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit… »
Quand j’ai vu ce roman dans les rayons de ma médiathèque, je n’ai pas pu résister : je l’ai attrapé et je suis partie, sans un regard pour les autres romans qui hurlaient pour que je les lise. Rien à faire, je ne peux pas résister à un texte de Karine Giebel. En effet, quand je la lis, je suis comme transportée dans un autre monde. Horrible, terrifiant et limite sadique, mais impossible à lâcher.
Dès les premières pages, j’ai retrouvé le style bien particulier de cette autrice de génie. Des phrases courtes, hachées, percutantes, qui ne peuvent que nous mettre tout de suite dans le bain. Ou nous perdre complètement. Avec Karine Giebel, ça passe ou ça casse, et ce dès le début de notre lecture. Surtout quand on voit la taille du pavé que l’on a entre les mains. Heureusement, pour moi, c’est du plaisir à chaque page. Enfin si l’on peut dire, car ce n’est encore une fois pas une histoire joyeuse où les bisounours se font des câlins. Loin de là.
Cette fois, cela commence par un braquage, qui tourne mal. Le frère de Raphaël, Will, est blessé lors de l’attaque d’une bijouterie, et les deux frères, suivis par leurs complices, doivent fuir et se cacher le temps que le jeune homme reprenne des forces. C’est chez Sandra, vétérinaire, qu’ils se retrouvent. Et c’est le début de l’Enfer. Pour elle… ou pour eux ?
Fait habituel chez Giebel, j’ai détesté de suite Sandra. Je sentais qu’elle n’était pas saine, pas qui elle prétendait être. Je l’ai adorée aussi en même temps, car je me disais qu’elle allait leur en faire voir de toutes les couleurs, à ces braqueurs. Fait rare chez Giebel, j’ai apprécié deux personnages, mais alors apprécié au point de ne voir qu’eux et de souhaiter qu’ils s’en sortent. Raphaël et William m’ont carrément fait craquer. Pourtant, d’habitude, avec cette autrice, je n’arrive qu’à aimer détester ses personnages. Une première pour moi.
Mais quel sadisme, toutefois. Je me doutais que cela serait sanglant, terrible, horrifiant. Imaginez tous les qualificatifs du champ lexical de la terreur, et vous n’aurez pas le quart du dixième de ce que l’autrice a fait subir à ses personnages. Elle a mêlé l’horreur au réalisme avec une plume de maître, et j’ai été atterrée de réaliser que, oui, il y a des malades sur Terre, et que, peut-être, des fous de ce genre existent réellement.
Le titre de ce roman prend tout son sens au fur et à mesure de l’avancée des événements. Nous retrouvons tous les niveaux sur l’échelle des innocents : l’innocence même, avec Jessica ; puis le complice du braqueur en chef, William, qui suit son frère par admiration plus que par vénalité ; ensuite les braqueurs qui visent gloire, femme, et argent ; le sadique ultime, pervers de surcroît, accompagné de sa complice qu’il a faite à son image. Tout le monde purgera sa peine au purgatoire, et les innocents ne seront pas épargnés. La dernière phrase de ce roman clôt même cette histoire d’une touche d’horreur absolue, de criante vérité.
Ce roman, c’est de la dynamite. Du grand Giebel.
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