jeudi 2 septembre 2021

Je te plumerai la tête

Depuis l’enfance, Lilou voue une admiration sans bornes à son père. Elle ne lui trouve aucun défaut. Depuis que la mère de Lilou est hospitalisée, le duo père/fille est plus soudé que jamais. À la demande de son père, Lilou rentre aussitôt après le lycée chaque soir. C’est lui aussi qui lui a conseillé, pour son bien, de cesser de se rendre à l’hôpital : à quoi bon consacrer trop de temps à cette mère fragile ?
Avec tact, les amis de Lilou, qui s’inquiètent pour elle, vont l’aider à appréhender qui est réellement ce père envoûtant, sûr de lui et omniprésent.
Je te plumerai la tête
Claire Mazard 2020

Voici encore un roman que j’ai emprunté à ma médiathèque, sans trop savoir de quoi cela allait parler. Mais le titre est tellement intrigant que je me suis dit que ça allait forcément me plaire. Je pense que je suis bizarre, à aimer des textes qui font étalage de drames humains. Mais, en même temps, si tout va bien, où est l’histoire ?

Dans ce texte, la jeune Lilou est obnubilée par son Papa Lou qu’elle aime à l’extrême. Elle aime tout de lui et fait toujours tout pour qu’il soit fier d’elle. Il ne faudrait pas le décevoir. Ou le fâcher, non jamais. Même quand il lui demande de ne surtout pas aller visiter sa mère malade à l’hôpital… Mais, ça, ça a été un déclic pour Lilou, car qui peut empêcher une fille de voir sa mère, même si elles n’ont jamais été proches ?

Petit à petit, Lilou va réaliser qu’elle vit entourée de mensonges, que tout ce que son Papa Lou lui raconte n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre. Et, moi, j’étais abasourdie. Car certaines choses étaient tellement énormes que je ne comprenais pas qu’elle ne réalise pas. En fait, je comprenais aussi qu’elle était complètement sous sa coupe : il n’y a que lui qui dit la vérité, il est le seul être bon au monde, il est tout, et les autres ne sont rien. Elle ne savait même plus réfléchir par elle-même, et quand Lilou se retrouvait face à l’évidence… elle lui trouvait des excuses.

Le Papa Lou est un vrai pervers et, même s’il n’a jamais eu de geste déplacé envers Lilou, il n’empêche qu’il la contrôle mentalement. Il a tellement d’emprise sur elle qu’elle finit par se laisser dépérir et ne peut plus s’en sortir… sans l’aide de sa tante Jo, la sœur de sa mère, psy et vraiment adorable. Elle fait tout pour elle, et c’est juste une bouffée de fraîcheur dans ce texte dramatique et terrible. Mais je ne mentionnerai pas ses amis car, même s’ils sont là pour elle et sont fantastiques, ce ne sont pas eux qui lui ouvrent les yeux, contrairement à ce que raconte ce résumé…

Alors, bien sûr, j’ai été moi aussi sous la coupe de ce livre. Sérieusement ! Il est juste incroyable, le style est tel qu’on ne veut plus lâcher le roman sous peine d’avoir envie de le reprendre : le style est incisif, direct, froid parfois. Il permet de parfaitement mettre en évidence la personnalité du Papa Lou et la détresse psychologique dans laquelle se trouve Lilou. Le roman fait un peu plus de cinq cents pages, et ma lecture est passée comme un rien.

Bien sûr, j’ai parfois eu les larmes aux yeux, j’ai été triste et horrifiée par ce qui arrive à Lilou, j’ai été scandalisée en lisant les remarques du Papa Lou… mais j’ai adoré ce texte, et je trouve qu’il permet de bien mettre en garde contre la torture psychologique. Disons que, en parcourant ce livre, je comprends mieux ce qu’est la perversion narcissique, et c’est un fléau dont on devrait se débarrasser coûte que coûte !

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