Merci aux Éditions 12-21.
Après le très bon Prendre Lily, ce titre avait une sacrée pression sur les épaules, si je puis dire. Le tome 1 était vraiment très bon – au niveau du réalisme et des émotions du personnage principal, Gordon, sur qui reposait toute l’enquête – et ne souffrait que d’un seul défaut : les longueurs quant à l’enquête. Il fallait donc que Prendre Gloria passe outre ces longueurs, et sache nous faire oublier Gordon, qui ne se trouvait pas en Italie pour l’enquête concernant la mort de Gloria. Le défi est plutôt bien relevé.
Après les sept ans d’enquête en Angleterre, on se retrouve à revivre les investigations en Italie sur dix-sept ans, soit une bien plus longue période. Mais on ne sent pas le temps passer. Pourtant, le livre est aussi long que le précédent, mais bien mieux agencé au niveau du rythme. L’histoire ne nous est pas proposée sur une intrigue linéaire, mais sur un enchevêtrement, presque aléatoire, ou désordonné, de scènes de vie allant de la journée de Gloria avant sa mort à aujourd’hui, alors que l’enquête concernant Lily se termine.
Il ne faut pas avoir peur de se perdre dans l’histoire, car quand je parle de désordre, je ne mâche pas mes mots : on passe d’un instant à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’un point de vue à l’autre, de manière non régulière et avec juste une petite mention datée. Au début, c’est perturbant, mais cela permet de casser le rythme temporel, et c’est donc tout à fait appréciable.
Toutefois, le manque de Gordon se fait un peu sentir, car son sarcasme aurait été le bienvenue à certains moments, mais tout est tellement bien narré que l’on fait abstraction de lui malgré tout. Par contre, je trouve tout de même un défaut à ce texte : c’est le manque de suspense. Tout a été divulgué dans Prendre Lily, et l’on sait déjà qui a fait quoi, et il ne nous manquait que le « pourquoi » exact, même si l’on s’en doutait fortement. À ce sujet, je dirai : cinq cents pages pour si peu… il faut vraiment adorer le premier tome pour lire cette suite qui finalement ne nous propose que l’histoire du point de vue italien. Agréable, pour approfondir le sujet, mais pas pour passer un moment plein de suspense et de frissons.
Par contre, à la question « peut-on lire ce tome indépendamment de Prendre Lily », c’est-à-dire avant, je réponds : non. Le premier livre nous plaçait dans un mystère complet, et même si l’on sentait qui était le coupable, on arrivait à douter parfois, face aux alibis et autres problèmes auxquels se retrouvaient confrontés les enquêteurs. Là, on révèle tout, y compris la scène du meurtre, alors le lire avant ne ferait que supprimer tout l’effet du tome 1.
En somme, Prendre Gloria est un bon roman, mais qui ne vaut pas son précédent. Il est un approfondissement, qui permet de savourer un peu plus longtemps l’univers de Marie Neuser en nous proposant l’histoire du point de vue italien, auprès de Gloria, une des autres victimes du coupeur de cheveux fou. On en apprend certes plus sur lui, car il n’est pas ici le stratège qu’il était dans le tome 1, et se retrouve un peu confronté aux événements et aux personnes qui lui disent quoi dire, quoi faire. Une bonne suite, dépouillée des défauts du premier tome, toutefois !
J'en avais beaucoup entendu parler à sa sortie, puis je l'avais un peu oublié. Mais ta chronique me donne très envie de me le procurer ! On voit que tu es très enthousiaste de ta lecture :)
RépondreSupprimerYes, il était vraiment bien construit, fonce !
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