mardi 10 novembre 2020

Max

« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques, et l’on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l’enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d’autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer. Heil Hitler ! »
Max est le prototype parfait du programme « Lebensborn » initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l’Allemagne puis l’Europe occupée par le Reich.
Max
Sarah Cohen-Scali 2012

Ma bibliothécaire est juste géniale. Elle m’a conseillé ce livre car il était prenant, particulier et, pour un jeunesse, un peu dérangeant. Je suis complètement d’accord avec elle : j’ajouterai juste que ce livre est une petite merveille ! Je l’ai adoré !

Dès le début du texte, on peut se sentir mal à l’aise. Avoir affaire à ce fœtus expliquant qu’il veut absolument naître le même jour que son idole, Hitler, ça perturbe. Sans compter que, autour, tout le vocabulaire prône le nazisme et les idées du Führer de manière complètement naturelle, franche et directe. Ce premier chapitre donne tout le ton du récit.

Et même si je me suis dit tout de suite que j’allais détester Max, en réalité je l’ai adoré. Il est si naïf et adorable. Et pourtant, c’est une tête à claques qui pense avoir toujours raison. Mais entre sa pensée et ses actes, on repère des écarts. On sent qu’il y a de l’espoir. Et cet espoir se matérialise en Lukas. Son frère adoptif, car il l’a décrété. Avant même de savoir que Lukas était juif.

Lukas, c’est l’élément qui chamboule tout. J’ai craqué pour ce jeune qui prend Max sous son aile pour lui distiller ces petites graines du changement. Ce qu’il parvient à faire jusqu’au bout du récit m’a véritablement chamboulée : cette claque que je me suis prise à la fin du texte, quand Max a… non, je ne vous le dirai pas. Je vous dirai juste que cette amitié a réussi à bouger des montagnes et a réussi à me tirer une petite larme.

En plus, ce texte est incroyablement documenté. J’ai appris beaucoup de choses sur le Lebensborn et sur les pratiques réalisées à cette époque. Même si j’en savais une grande partie, j’ai trouvé que l’atmosphère dégagée par le récit correspondait bien à ce que j’en ai lu. Et puis, il faut dire que le roman est très prenant et palpitant. Je voulais toujours en savoir plus et, quand je l’ai enfin terminé, j’ai été déçue qu’il n’y ait pas encore un bon millier de pages à lire… Quel texte !

2 commentaires:

  1. Quel livre fabuleux et affreux à la fois. J'en gardais un souvenir étrange... j'étais mal à l'aise, puis Lukas est arrivé. Une lecture marquante !

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    1. Pareil, j'ai été super mal à l'aise... mais en même temps j'ai tellement aimé ce livre ! J'avais envie que ça ne s'arrête pas !

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