jeudi 16 mars 2017

Trafics

« Vous devriez faire attention à vous, docteur Ollard. Vous pensez avoir tout compris à la condition des Maghribïnes en France parce que vous avez rencontré une gamine et sympathisé avec elle ; mais, nous, ça fait des années qu’on est au courant de ce qui se passe dans les cités, c’est notre métier. Nous savons qui fait quoi, et qui représente un réel danger. »
Sergïne Ollard est vétérinaire à Toulouse. Une adolescente désemparée, Samia, lui demande d’examiner un chien souffrant d’un mal mystérieux que son frère aîné, Nourredine Den Arfa, cache dans une cave. Dans ce quartier gangrené par le trafic de drogue et travaillé par l’islamisme radical, la jeune vétérinaire va se trouver embarquée malgré elle dans un combat entre deux camps qui partagent la même culture de violence. Le roman noir de la France d’aujourd’hui.
Trafics
Benoît Séverac 2017

Merci aux Éditions 12-21.

Voici un titre qui m’a bien plu ! Outre le fait qu’il se passe du côté de chez moi et que je pouvais donc bien visualiser les lieux et imaginer la chaleur caniculaire, ce titre avait une atmosphère vraiment particulière de réalisme. Heureusement, je ne vis pas dans les quartiers sensibles de la ville rose, mais c’est tout à fait comme ça que je me figure les choses.

Le début du texte commence en mettant en scène Sergine, une vétérinaire travaillant aux Izards, un des quartiers où le taux de criminalité parmi les jeunes dealers augmente peu à peu. Cette véto, très humaine, se prend d’affection pour Samia, qui lui a « ramené » un chien à soigner, dans le plus grand secret, de peur que son frère, un dealer, ne le découvre. Ce que Samia risque ? Retourner au pays pour y être mariée de force. Ce que Sergine découvre ? Le chien est une mule…

Le texte met en place toutes les bases des trafics de drogue pouvant avoir lieu dans n’importe quelle ville, sur fond d’un islamisme radical qui complique le travail des enquêteurs et de Sergine, prête à tout pour donner un coup de main… même si cela ne fait qu’empirer les choses.

J’ai apprécié d’avoir un personnage principal « incapable ». Pas dans le sens où elle ne sait rien faire, mais dans le sens réaliste où elle ne peut rien faire pour changer les choses. Même si elle essaie de forcer le situations, elle est confrontée à elle-même : à sa peur face aux jeunes qui l’agressent, à son incapacité à pouvoir trouver des informations pour aider Samia, à l’impossibilité de résister à son humanité. Elle est une héroïne convaincante, et son combat est touchant.

En bref, c’est un titre que j’ai bien aimé : réaliste dans les faits, qui n’en fait pas trop vis-à-vis de la religion et qui l’aborde de manière factuelle, avec des personnages touchants et humains – enfin, sauf les dealers – et surtout avec une intrigue crédible. Un titre à découvrir !

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