jeudi 8 juin 2017

Ce qu’il nous faut, c’est un mort

« I will survive. » C’était le dimanche 12 juillet 1998. À quel prix ? Ça, la chanson ne le dit pas. Cette nuit-là, trois garçons pleins d’avenir ont renversé une femme, une étudiante s’est fait violer, un jeune flic a croisé son âme-sœur, et un bébé est né.
Près de vingt ans plus tard, voilà que tous se trouvent concernés par la même cause. On est à Vrainville, en Normandie. L’usine centenaire Cybelle va fermer ses portes. Le temps est venu du rachat par un fonds d’investissement. Cybelle, c’est l’emploi de la quasi-totalité des femmes du village depuis trois générations, l’excellence en matière de sous-vêtements féminins, une réussite et surtout, une famille. Mais le temps béni de Gaston est révolu, ce fondateur aux idées larges et au cœur vaste dont les héritiers vont faire une ruine. Parmi ces héritiers, Vincent, l’un des trois garçons pleins d’avenir. Il a la main sur la destinée de quelques centaines de salariés. Mais il n’a pas la main sur tout, notamment sur ce secret étouffé dans un accord financier vingt ans plus tôt par son père et le maire de Vrainville, père du deuxième larron présent la nuit du 12 juillet dans la voiture meurtrière. Le troisième gars, Maxime, n’a la main sur rien, personne n’a payé pour lui et surtout il n’a pas oublié. C’est l’un des seuls hommes employés par Cybelle et un délégué syndical plutôt actif. Côté ouvrier, on connaît déjà le prix de la revente de Cybelle. Ça signifie plus que la fin d’une belle histoire entrepreneuriale : la mise au ban, la galère et l’oubli. Alors, c’est décidé, ils n’ont plus le choix : puisque personne ne parle d’eux, ce qu’il leur faut, c’est un mort.
Ce qu’il nous faut, c’est un mort
Hervé Commère 2016

Merci aux Éditions 12-21.

Je vais tout vous avouer tout de suite, j’ai un avis un peu mitigé. Ce titre et ce résumé laissaient présager un moment de pur thriller, avec des frissons, du suspense, des sueurs froides quant à l’avenir de nos (méchants) personnages. Au final, ce n’est pas vraiment ce que j’ai obtenu. Très vite, il s’est avéré que le thriller horrible n’était en fait qu’un contemporain caché par un résumé qui m’a mal orientée dans mes espérances.

En effet, si les premiers chapitres donnent une mesure assez terrible de la situation, entre les viols en série et l’accident de voiture, j’ai déchanté lorsqu’est arrivé le chapitre sur l’entreprise Cybelle. Je me suis demandé ce qu’une telle explication venait faire là, s’il y avait un lien avec ce qui allait se produire ce soir de finale de coupe du monde. S’il y avait un lien tout court avec l’histoire. Évidemment, oui. Mais c’est plus par coïncidence que par relation de cause à effets.

Du coup, quand j’ai vu que ce chapitre durait, j’ai compris qu’il fallait que je ne m’attende pas à ce thriller que j’espérais, et que je me laisse porter par cette lecture. Il y a des qualités certaines, car les événements s’enchaînent bien, et l’intrigue est somme toute clairement ficelée. Lorsque l’on passe d’une révélation à l’autre, on apprécie de voir où s’est porté l’esprit de l’auteur. C’est juste le rythme soutenu du genre qui m’a manqué à ce niveau-là.

De même pour les personnages. S’ils ont tous leur personnalité, il n’empêche que les descriptions les concernant étaient trop longues et me donnaient envie de passer directement à l’action. Heureusement, sauter des pages ne fait pas partie de mes habitudes…

Mon problème avec ce titre correspond donc juste au genre. J’attendais un thriller et des sensations fortes, donc j’ai eu du mal à me mettre dedans. Si on me l’avait annoncé tout de suite comme un contemporain, tirant vers le roman noir, je m’y serai préparée psychologiquement, et j’aurais sûrement apprécié bien plus ma lecture. Comme quoi le ressenti personnel par rapport à la thématique est importante. C’est dommage, mais je pense que beaucoup de lecteurs y trouveront quand même leur compte. Alors, ne vous arrêtez pas tout de suite à ma chronique, et allez lire ce que les autres en pensent ailleurs.

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