dimanche 6 mars 2016

De force

« Le temps de l’impunité est révolu. Le temps des souffrances est venu. » Elle ne m’aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd’hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j’ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet. Car moi, j’ai voulu l’aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n’aime pas ainsi. Que m’a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c’est décidé. À part le livret de famille qui me rappelle que j’ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu. Lorsque j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d’entrer. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu’un tabouret au centre de la pièce. J’essuie mes larmes, je m’approche. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l’enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Écrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n’a plus aucune limite. La haine. Voilà l’héritage qu’elle me laisse.
De force
Karine Giebel 2016

C’est encore avec un énorme plaisir que j’ai pu découvrir le nouveau titre d’une de mes autrices chouchou : Karine Giebel. Ce roman, je n’en savais rien. J’ai vu passer le titre sur les réseaux sociaux et chez l’éditeur, mais je n’ai pas lu le résumé, car je savais que j’allais le lire, d’une part, et que j’allais aimer, d’autre part. C’était forcé. Et ça n’a pas raté.

Encore une fois, dès les premières pages, je me suis retrouvée embarquée dans cette nouvelle histoire. Les nerfs à fleur de peau immédiatement, l’hypertension en exergue et une arythmie à me provoquer une crise cardiaque, comme toujours. Pourtant, cela commence salement. Une tentative de viol, un sauveur inespéré. De quoi nous faire faire des cauchemars, car l’autrice n’y va pas de main morte.

Mais j’aime ce rythme particulier qu’impose l’autrice. Elle nous fait tourner les pages à une vitesse phénoménale, car on veut savoir ce qui va se passer. On veut aussi être sûr d’avoir bien compris ce qu’on a compris. Je ne vais pas mentir, cette fois, j’ai vu venir la conclusion à des kilomètres. J’avais compris environ 80 % de ce qui allait se passer à la fin à peu près au quart du livre. Mais je n’en suis pas triste, car cela fait partie du jeu, et parfois c’est agréable de se dire que l’on a saisi ce qui peut se passer dans les méandres du cerveau d’un auteur qu’on aime. Et puis, en plus, je n’avais pas tout compris non plus. Donc j’ai quand même eu une ou deux surprises.

Le style de l’autrice est quant à lui toujours aussi agréable. Simple, rapide, des phrases courtes, qui vont toujours droit au but. Ce style est tout simplement percutant, ne peut pas laisser indifférent et nous permet de vraiment rentrer dans l’histoire. De manière presque violente, dirais-je. D’ailleurs, je n’arrive toujours pas à comprendre comment, à partir d’un tel style direct, l’autrice peut créer autant de lignes, de pages, de chapitres.

L’histoire enfin, car il faut bien en parler un peu : du Giebel. Un peu différent car moins centré sur l’horreur, plus sur la psychologie, et cela m’a beaucoup plu également. Je n’ai pas trouvé de fausses notes, mais j’aurais aimé, parfois, avoir plus de suspense. Des indices ont été disséminés rapidement et, hélas, j’ai su tous les apercevoir. C’est tellement dommage, mais je pense que c’était volontaire, car certains passages étaient vraiment très gros.

En bref, encore un super moment avec une autrice qui est pour moi une valeur sûre dans le monde du thriller. J’espère pouvoir découvrir prochainement un autre de ses romans, car je ne me lasse pas de ses écrits !

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