dimanche 30 août 2015

Amelia

New York. Kate élève seule sa fille de quinze ans, Amelia. Malgré un rythme professionnel soutenu, elle arrive tout de même à être à l’écoute de sa fille, une adolescente intelligente et responsable, ouverte et bien dans sa peau. Très proches, elles n’ont pas de secret l’une pour l’autre. C’est tout du moins ce que croit Kate, jusqu’à ce matin d’octobre où elle reçoit un appel de St Grace, l’école d’Amelia. On lui demande de venir de toute urgence. Lorsqu’elle arrive, Kate se retrouve face à une cohorte d’ambulances et de voitures de police. Elle comprend vite qu’elle ne reverra plus jamais sa fille. Amelia a sauté du toit de l’établissement. Le désespoir laisse peu à peu place à l’incompréhension : pourquoi une adolescente en apparence si épanouie déciderait-elle de mettre fin à ses jours ? Rongée par le chagrin et la culpabilité, Kate tente d’accepter l’inacceptable jusqu’au jour où elle reçoit un SMS anonyme qui vient tout remettre en question : « Amelia n’a pas sauté. » Obsédée par cette révélation, Kate commence alors à s’immiscer dans la vie privée de sa fille et réalise bientôt qu’elle ne la connaissait pas aussi bien qu’elle le croyait. À travers les SMS, les mails d’Amelia, les réseaux sociaux, Kate va tenter de reconstruire la vie de sa fille afin de comprendre qui elle était vraiment et ce qui l’a poussée à monter sur le toit ce jour-là. Elle va devoir affronter une réalité beaucoup plus sombre que tout ce qu’elle a pu imaginer.
Reconstructing Amelia
Kimberly McCreight 2013

Merci à Babelio et aux Éditions Cherche Midi.

Quand vous lisez un tel résumé, vous ne pouvez qu’avoir envie de savoir ce qui est arrivé à Amelia, de comprendre son geste, de savoir si oui ou non elle était consciente de son choix, si son choix lui appartenait vraiment. Tant de questions se posent, qui appellent tant de réponses possibles. En somme, il me fallait ce roman, et j’ai sauté de joie en apprenant que j’avais été sélectionnée pour le chroniquer.

C’est une écriture extrêmement fluide qui m’a accueillie dans ma lecture. Heureusement car, sur un pavé de plus de cinq cents pages, partitionné en des chapitres de belle longueur, il fallait que Kimberly McCreight me mette à l’aise immédiatement. Il n’y a rien à dire sur son style : très agréable, un choix de mots très précis, des descriptions mesurées et des points de vue très éclairés. Je ne vois pas de meilleure façon de me faire plonger dans ma lecture que de me faire rentrer ainsi dans la peau des personnages pour découvrir leur histoire.

Au travers de moments présents et passés, notamment avec les quelques jours précédant la mort d’Amelia, ou les semaines suivant la découverte de la grossesse de Kate, l’histoire se monte petit à petit et nous permet de comprendre, recoller les morceaux et réaliser l’enchaînement d’actions qui aura permis d’en arriver là. Chaque scène, très à propos, nous est mise en scène de sorte qu’on finisse par entrevoir un nouveau maillon de la chaîne juste au moment où il est révélé. La subtilité est telle qu’on ne voit rien arriver. Non, on nous fait monter une petite route, on grimpe une petite colline, et petit à petit on se rend compte qu’il s’agit du Mont-Blanc.

Les personnages sont quant à eux très travaillés, et leurs émotions tellement vraies quant à ce qui se passe. Je déplore toutefois que, parmi les causes qui ont conduit à cet effet, il y ait quelques clichés dont on se serait bien passé. C’est dommage car on a l’impression que certains des maux adolescents sont les seuls maux existant. Il n’y a pas d’originalité et de créativité, même si je reconnais que les sujets en question sont particulièrement bien traités, tout en finesse et en émotions.

C’est donc un roman que je recommande à tous ceux qui ont le cœur bien accroché, qui aiment le mystère et qui n’ont pas peur d’avoir les yeux humides. L’histoire de Kate et Amelia est touchante, et en lisant cette histoire je ne pouvais pas m’empêcher de penser à ce vide immense que doit créer la disparition d’un enfant, à tous ces non-dits qui resteront à jamais bloqués dans l’esprit des parents, à tous ces instants qu’ils ne connaîtront plus ensemble…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire