samedi 26 mai 2018

Les hordes invisibles

« Il n’avait rien de spécial. Il était le visage dans la foule, le copain, le frère, le fils, il était ordinaire et sa capacité à la haine aveugle n’en semblait que plus inquiétante. »
Francesca. Ilana. Clémentine. Des femmes comme elles, il y en a des milliers, qui prennent la parole sur les réseaux sociaux. Et de l’autre cöté de l’écran, dans l’intimmité d’une chambre ou la foule d’une rame de métro, des hommes guettent, harcèlent, menacent de viol ou de mort. Sous pseudonyme, en ligne et en liberté. Et avec le sentiment d’une totale impunité.
Le quotidien d’Alex et Marco au sein de la Brigade des crimes et délits sexuels n’obéit qu’à un credo : fais comme tu peux. Sauf qu’Alex a décidé d’arrêter la bière, son antidote n°1 à l’angoisse – juste derrière sa fille et les statistiques, qu’elle compile obstinément. Le jour où les plaintes de Francesca, Ilana et Clémentine arrivent sur son bureau, des difficultés nouvelles surgissent. Comment traquer des individus sans signe distinctif et qui ne laissent aucune trace ?
Les hordes invisibles
Louise Mey 2018

Merci aux Éditions 12-21.

Quelle surprise ! J’ignorais, avant de découvrir le résumé du nouveau roman de Louise Mey, qu’elle avait prévu de faire une suite aux Ravagé(e)s. Ce fut donc une excellente surprise, car je savais que ça allait me plaire de replonger dans cet univers réaliste et très pessimiste.

Souvenez-vous, j’avais eu un coup de cœur pour le premier tome, car j’avais aimé cette atmosphère réellement particulière et l’inventivité dont avait fait preuve l’autrice pour nous scotcher à notre lecture. Cette fois, j’ai eu cette même ambiance, qui m’a un peu désarçonnée : il faut le faire, pour lire et surtout aimer du très pessimiste, on ressent vraiment tous les personnages à fleur de peau. C’est très spécial, hein !

Mais cela me donne l’impression que c’est la vraie vie, que l’autrice ne cherche pas à nous embrouiller ou nous arnaquer. Elle nous livre sa plume, ses émotions, et nous fait rentrer dans son récit, je dirais presque de manière très intime. Et retrouver Alex, dans cet état, m’a fait plaisir, mais m’a également rendue triste pour elle. Quelle vie !

L’histoire, quant à elle, m’a bien plu. Je ne vais pas mentir, sur le début du texte, je ne voyais pas trop où on allait. En effet, l’autrice relate le quotidien de la brigade, alors évidemment on a droit à tout un tas d’affaires sordides. Les flics ne se contentent pas de travailler sur un cas à la fois, car les criminels n’attendent pas qu’on ait fini une enquête pour commettre leurs méfaits… Cela ajoute au réalisme et nous donne la mesure de l’horreur que peuvent vivre ces policiers qui ne lâchent rien et tentent de faire au mieux avec pas grand-chose.

L’histoire est solide et est teintée d’un peu d’espoir. On se dit que de résoudre un cas de plus permet de se faire du bien et de se dire que parfois les choses peuvent s’améliorer un peu. Et cette fois, cette affaire permettait vraiment de se le dire, car il s’agissait de harcèlement. Au début, pas d’agression. Alors, peut-être que, cette fois, cela se passerait mieux… Détrompez-vous, cela va de mal en pis, et la fin m’a juste laissée comme deux ronds de flan. Je comprends la réaction d’Alex, vraiment !

En bref, c’est encore une fois un roman que j’ai adoré. Cette atmosphère me plaît énormément, et j’espère que l’autrice se décidera à faire de nouveaux tomes concernant cette brigade bien particulière. Pas trop souvent pour ne pas nous démoraliser trop… mais vite quand même, hein !

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