dimanche 10 novembre 2013

Meurtres pour rédemption

Si jeune, Marianne devrait être insouciante et rêver à l’avenir, des projets plein la tête. Mais son seul rêve, c’est la liberté. Car Marianne est en prison. Perpétuité pour cette meurtrière. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l’univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les brimades, les coups, les humiliations. La tête haute, toujours. Elle s’évade parfois, grâce à la drogue qu’elle paye en nature, grâce aux romans qu’on lui laisse lire, grâce à ses souvenirs aussi. Grâce au bruit des trains, véritable invitation au voyage. Elle finit par apprendre l’amitié, la solidarité, et même… la passion. Mais sans aucun espoir de fuir cet enfer, hormis dans ses rêves les plus fous. Et puis un jour, l’inimaginable se produit. Une porte s’ouvre au parloir.
Trois hommes, trois flics lui proposent un odieux marché, lui offrant une possibilité de quitter ce purgatoire. Mais en échange de sa liberté elle devra tuer pour eux. Des derniers meurtres à commettre… pour rédemption.
Meurtres pour rédemption
Karine Giebel 2010

C’est à l’occasion d’un passage à la médiathèque que je me suis dit que j’allais encore me perdre un peu dans la plume simple et efficace de Karine Giebel. Cela devient une habitude, mais j’avoue que ce livre-là m’aura donné quelques sueurs froides.

Déjà par sa taille. On aura beau dire que, quand on aime on ne compte pas, mille pages, ça fait quand même un sacré pavé, et il faut pouvoir se l’enquiller. Bien sûr, c’est Karine Giebel, j’aime son travail, mais ça reste long, et parfois je me suis dit : « Pose-le et reprends plus tard, c’est bon. » Sauf qu’il faut le rendre à la bibliothèque, donc je me suis accrochée. Pourtant, ce roman aurait clairement pu être coupé en deux. Il présente deux parties bien distinctes : dedans, sur toute la première moitié ; dehors, sur toute la seconde.

Et c’est surtout sur toute la première partie qu’il me fallait m’accrocher. Ou plutôt qu’il me fallait avoir le cœur bien accroché. Quand on rentre dans l’univers de Karine Giebel, ce n’est pas pour faire câlin à des Bisounours. Il s’agit de rentrer dans l’horreur pure, et dans un sadisme inégalé et tellement réaliste. Plusieurs fois, j’ai été tellement horrifiée par ce que je lisais que je voulais reposer le bouquin. Quelle horreur… et pourtant je continuais, car la plume de l’autrice m’emportait dans un tel tourbillon d’émotions… je pleurais pour Marianne, pour ce que ces geôliers lui ont fait subir… Presque légalement, je dirais… L’horreur, l’humiliation, la torture, uniquement car elle est une détenue à perpétuité. Même plus considérée comme un être humain, juste comme un déchet sur qui les matons ont droit de vie ou de mort.

Mais, malgré toute cette horrifiante réalité, la lumière est tout de même là, et c’est ça qui me faisait continuer à lire et à me plonger dans cette histoire. Daniel et Justine, les gardiens de Marianne. Ces deux matons qui croient en elle, la protègent, malgré ses forfaits. Les liens entre ces trois personnages m’ont littéralement fait fondre, tellement je trouvais belle leur « amitié ».

Puis vient la seconde partie, dehors. Un dehors qui reste un dedans, car Marianne n’est pas libre, pense qu’elle ne le sera jamais. Et ces flics qui la retiennent contre son gré pour lui faire commettre l’irréparable, qui lui font miroiter une liberté et une vie qui n’est pas la sienne. Tout sonne faux autour de Marianne, mais on espère qu’elle saura, cette fois, faire les bons choix. Et elle essaie de les faire. Mais comme toujours, Marianne se retrouve bloquée, forcée de prendre les mauvaises décisions. Sa situation est désespérée, mais elle essaie, elle y croit. Par amour pour Daniel, qu’elle aime plus que tout et qu’elle veut protéger.

Le contraste entre l’horreur et la beauté, les ténèbres et la lumière. Ce roman est aussi beau qu’il est horrible. Aussi lumineux que ténébreux. J’ai frissonné pour Marianne, versé quelques larmes face à cet amour impossible, et pour une fois j’ai vu un des personnages de Karine Giebel atteindre ce à quoi il aspirait, mais pas forcément comme on l’aurait pensé. Un grand ouf à la fin de ce roman. Car, même si j’ai aimé, j’ai aussi beaucoup souffert en le lisant, de ces images horribles et sadiques que nous a créées l’autrice.

2 commentaires:

  1. Ça a l'air très sombre et, en même temps, tu m'as donné envie de le lire, pour les passages plus lumineux...

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