samedi 4 juillet 2015

Gospel

À la mort de son père, médecin dans le Delta du Mississipi, un riche chirurgien hérite d’une valise remplie de notes et de bandes magnétiques, qui constituent divers témoignages sur l’existence des Noirs dans le Sud des États-Unis juste avant la Grande Dépression. De ces documents émerge la geste d’un chanteur et guitariste itinérant, interprète de blues et de spirituals. Trois hommes, un musicien, un pasteur et un talent scout employé par une maison de disques, racontent chacun à leur manière son histoire, que le chirurgien complétera lui-même en allant écouter une vieille femme noire dans une maison de retraite. Ainsi prend forme la vie de Manson, songster touché par la grâce, faiseur de miracles et ennemi des bien-pensants, dont nul ne sait rien avant la battle of songs qu’il remporte contre John le Baptiste. Autour de lui s’agrège un orchestre disparate qui sillonne les routes du Delta. Certains de ses membres essaient simplement de survivre, d’autres rêvent de gloire, et l’un d’entre eux voudrait bouleverser la société. Mais aucun ne comprend qui est réellement Manson, ou ne distingue la voie sur laquelle il cherche à les guider ; du moins jusqu’à l’achèvement de son destin.
Gospel
Jean-Christophe Chaumette 2015

Merci aux Éditions Voy’[el].

Je ne vais pas mentir, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et je n’avais que des aprioris pas forcément positifs. Le résumé ne m’emballait pas, et la couverture ne m’engageait pas vraiment à le lire. Mais en bonne musicienne, toutes les références à la musique ne pouvaient que me parler, et un tel roman ne pouvait que receler de belles choses. Alors, j’ai mis mes appréhensions de côté, et je me suis lancée.

Au final, dès le prologue, j’ai été prise dans le roman. Le style est agréable, simple à suivre. Le personnage principal nous explique qu’il va nous rapporter des témoignages de quatre personnes, liées, sans se connaître, par le biais d’un personnage principal qui a changé leur vision de la vie, et qui les a touchées au plus profond d’elles-mêmes. Le style change à mesure que l’on change de protagoniste, mais nous ne sommes jamais perdus, et le texte reste très fluide tout le long.

Le contexte et l’atmosphère du roman ne sont pas en reste. Le récit prend place dans les années 20, en Amérique, en pleine période de ségrégation. On y voit les Noirs persécutés par les Blancs, des plus viles façons, mais qui ripostent à leur manière, grâce à leur musique, le blues, leur compassion et leur foi en l’être humain. Ils sont notamment dirigés par Manson, un homme généreux, dans le don de lui-même, qui est assimilé à un prophète ou un messie, ou même au fils de Jésus dans les anecdotes les plus folles. En tout cas, tous s’accordent à dire qu’il distribue la bonne parole de Dieu pour que chacun vive en harmonie, quelle que soit la couleur de sa peau.

La bonté et la beauté qui se dégagent de ce texte me l’ont fait lire en un rien de temps, et j’avais du mal à quitter cette époque un peu invraisemblable où les pires des actions chez les persécuteurs pouvaient mener aux plus beaux des sentiments chez les persécutés. C’est une belle leçon de vie, même si parfois un peu édulcorée en ce qui concerne Manson, qui nous montre toute l’horreur et la beauté de l’être humain. Je suis très heureuse d’avoir pu lire ce roman.

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