jeudi 20 juillet 2017

Quand la nuit devient jour

On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà. La dépression. Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.
Quand la nuit devient jour
Sophie Jomain 2016

Je vais être honnête, j’ai lu ce livre parce que je trouvais la couverture très jolie. Elle m’évoquait une histoire triste, mais porteuse d’espoir. Le résumé, lui, je viens de le découvrir… Je pense que je me serais aussi lancée en le lisant, car il est particulièrement surprenant, mais je suis bien contente d’avoir plongé dans l’histoire sans rien en savoir.

J’ai trouvé le premier chapitre très long. Il visait à poser les bases et, comme je ne savais pas ce que je lisais, je me demandais un peu dans quoi j’étais tombée. C’est la fin du premier chapitre qui m’a permis de réaliser l’énormité de cette histoire. Et ensuite, j’ai compris que j’allais pleurer…

Du début au milieu du livre, c’est ma curiosité qui m’a portée. Très franchement, j’avais du mal à comprendre Camille car je n’ai jamais vécu, de près ou de loin, cette situation. La dépression à tendance suicidaire est un vrai inconnu, et j’ignore si le côté lisse de Camille est donc véridique ou non. Je suis partie du principe que oui, car Sophie Jomain semble très documentée sur le sujet. J’ai été effarée d’imaginer que cette maladie puisse prendre de telles proportions. Mais malgré ça, je n’ai pas réussi à vraiment compatir pour Camille.

C’est le Dr Peeters qui m’a vraiment marquée. La vision qu’il a d’elle, sa présence, son comportement tout au long de son séjour au centre. Tous ces éléments m’ont touchée, et c’est par ses yeux à lui que j’étais triste, car c’était ses sentiments à lui qui m’ont interpellée. Je me suis demandé comment je pourrais agir, à sa place à lui. Il m’a tiré des larmes alors qu’il semblait tellement « au-dessus de ça », et j’avoue avoir été à la fois emballée et horrifiée à la conclusion. Pour lui, et, enfin, pour elle.

Ce texte était vraiment très beau et très triste à la fois : le style m’a portée, et j’ai découvert au travers de ce drame des personnages complexes qui se débattent avec des événements qu’ils ne contrôlent pas toujours. Ce fut une lecture très particulière, mais que je ne regrette pas.

2 commentaires:

  1. C'est un roman de l'autrice qui me tente beaucoup. Il a l'air assez particulier, au vu du sujet, et très touchant.

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    1. J'ai versé ma petite larme. Ce texte est d'une puissance, c'est terrible. Un sujet très difficile, mais traité avec beaucoup de douceur... Je ne peux que le conseiller !

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